L'ABC de RLC L'Encyclopédie de Rennes-le-Château
Rennes-le-Château L'île rouge
Thierry Emmanuel Garnier © Mai 2009 // ABC de RLC
Interview de Géraud de Barail >[L’ÎLE ROUGE] Entretien
inédit avec Thierry E Garnier
TEG : Vous avez, dans ce « polar métaphysique » - très curieux - et pour tout dire inclassable, attiré le lecteur spécialiste du mystère de RLC, dans un véritable dédale d’informations historiques, dont on a du mal à dénouer au final, le réel de l’imaginaire… ? Pourquoi avoir choisi ce genre de narration qui pour certains lecteurs empressés, et à vrai dire peu regardant, passera pour une « œuvre de fiction » ?
Géraud de Barail : Il était en réalité tout à fait impossible de choisir une autre façon que la forme du roman. C’est assez simple, une seule voie s’ouvrait, la plus difficile, mais la seule possible en rapport véritable avec ce qui était à dire. En fait il était extrêmement délicat de divulguer certaines données sans que les lecteurs aient l’impression qu’on se moque d’eux. En nos temps actuels, on constate une rare intolérance à l’émission de certaines thèses, avant même parfois de les avoir lues sinon comprises mais il faut bien voir aussi que, de nos jours, tout le monde quel que soit son niveau de culture en un domaine exige de connaître tout et tout de suite... Or, vous le savez, en ces matières dont il est question ici, seuls comptent le temps, une culture sincère et humble dans l’approche. Tout cela ne vient pas si vite. Il ne s’agit pas d’une « historiette de trésor pour enfants sages ». On y parle de la Vie, des vies, de la Mort et de l’Eternité. Souffrez que tels sujets demandent quelque acclimatation du propos, non ? Donc l’idée était de faire passer librement, sans retenue mais au prix d’un certain effort d’attention pour ceux qui se donneront la peine de discerner… Les autres creuseront, dénigreront, gloseront mais reviendront quand ils seront prêts. La seule chose que je puis vous avouer est que l’on n’est pas dans la « fiction », le mensonge ni la devinette au service d’un ego et cela, même si « l’imaginaire » s’est exprimé ici pour jouir de tous ses droits... On est vraiment ailleurs, cela, le lecteur doit le comprendre s'il veut véritablement avancer lui-même et finalement le « roman » c’est bien pour ça… Tout y est permis, on n’est pas, à proprement parler, dans ce qui se voudrait être un « essai historique » et personne n’a à se sentir floué. On rêve, chacun sur son nuage et chacun prend selon ses besoins…et ses moyens…. Chacun, surtout, profite à son heure.
TEG : On retrouve dans votre livre, qui se passe principalement en Occitanie - surtout dans l’Aude - mais aussi dans l’Ariège, l’Aveyron, le Var…, de nombreux sites très privilégiés, connus ou parfois inconnus des chercheurs tels : Barjols, le château de Durfort, le château de Montfort-sur-Argens, le château de Valcros, un certain manoir dit de « La Malicieuse » ou encore un site nommé « l’Île » que certains spécialistes sauront sans doute reconnaître…
Il y a aussi des personnages de premier plan dont on n’évoque jamais la présence dans l’Affaire de Rennes ? Je pense notamment à Charles Ferdinand de Schertz, Dom Calmet, Rodolphe de Habsbourg et Marie Vetsera, le prince Camille de Rohan, ou encore plus près de nous le vicomte Louis Charles Edouard de Lapasse, Henri Donteville, Georges Bogé de Lagrèze, l’abbé Gibert, le colonel de gendarmerie Emile Tizané et bien d’autres encore… Mais un personnage que vous semblez vraiment bien connaître a une place tout à fait à part dans votre livre, il s’agit de Louis Paul François Cambriel (1767-1850)… Pouvez-vous nous en dire plus sur ce personnage ?
Géraud de Barail : Ah ! L’abbé Gibert, peut-être en cherchant bien faudrait-il dire d’ailleurs « les abbés » ! En fait il nous relie d’une certaine manière à Cambriel. Cet alchimiste est désormais reconnu pour ce qu’il fut vraiment, un rénovateur de l’Art en une époque où vacillait la flamme des fourneaux, au temps même des Lumières ! Il me souvient de la fameuse controverse post mortem, si l’on me passe l’expression, entre lui et Fulcanelli, via Eugène Canseliet interposé… tout le monde a ça en mémoire. Notre vieil ami de Savignies n’en sortit pas nécessairement vainqueur et François, de l’autre côté du miroir gagna probablement la mise. Ils doivent bien en rire tous les deux à présent. Ils savent à quel point ces choses sont d’importance vaine… mais si nécessaires cependant ! Cambriel, c’était une belle âme, un initié peu connu, discret et achevé au plan du Sentier. Il est, dans cette histoire, un élément d’une grande importance par les multiples lieux qu’il visita et où il porta ses pas. Nous ne pouvons que souhaiter à celui qui lira d’être attentif au parcours diagonal de ce fol de Lumière qu’il était alors. Sa rencontre avec Anaor, l’Invisible, fait de lui un « passeur » et il fut cela… Fulcanelli le savait. Peut-être pourrions-nous ajouter et pour cause ! On comprendra pourquoi en lisant, et son disciple aussi malgré la contestation qu’ils firent de ses interprétations au sujet d’une statue d’un ébouriffant saint Marcel, au pilier de Telle Cathédrale.
TEG : Au-delà de Cambriel, c’est en réalité toutes les sociétés initiatiques qui sont représentées, à travers différentes époques, dans votre livre : la Franc-Maçonnerie, les Rose-Croix surtout, qui sont omniprésents…, et bien entendu l’Ordre du Temple historique, mais pas seulement… On retrouve aussi la présence notable dans le Var, des « Frères Aînés de La Rose-Croix », à travers quelques silhouettes esquissées - et « l’Alchimie en tant que science de la Vie », à tous les sens du terme, est un véritable trait d’union qui parcourt votre livre, n’est-ce pas ? Géraud de Barail : Trait d’union ! Vous avez le mot juste, encore que parlant de ces sociétés-là en ces temps-là, il serait permis d’entendre Trade union ! Ne jouons pas à l’abbé Boudet et soyons ici plus précis. On dit tant de chose de l’Alchimie et on fait si peu silence sur ce qu’il serait convenable de taire ! Quelle étrange époque que la nôtre qui entend tout comprendre tout de suite, qui nie l’apprentissage quel qu’il soit, qui exige que tout soit transparence et « révélation » en ignorant combien celle-ci est souvent double voile ! Siècle du Léviathan, de la gluance et à la fin, siècle… du temps perdu ! A dire vrai, on chercherait en vain dans tout cela la précieuse existence humaine du Bouddha, ce temps qui ne doit pas être dépensé en vain mais consacré à l’accomplissement. Oui, ce livre évoque ces sociétés qui ne furent que d’hommes mais dans un temps où se formaient les libertés élémentaires sociales et en contrepoint, les attitudes sociétales complémentaires à elles... L’ombre existe-t-elle sans la lumière et si celle-ci progresse n’est-il pas juste que la première en fasse de même ? Ce qui est dit dans ce « roman » est que les temps sont proches où il faudra accepter la part d’ombre en chacun de nous pour aller plus loin et traverser « la nuée ». Mais voici que le brouillard se densifie en cet âge de fer, ce dernier âge le moins angélique de tous…peut-être alors est-il « trop tard à l’horloge du vide »?…ceux qui auront les oreilles pour entendre entendront, d’autres qui seront sourds depuis longtemps crieront très fort que rien n’est à entendre…après le temps des mystificateurs, il faudra de toute manière se remettre au travail. Là est la Règle....
TEG : Vous avez désiré conserver l’anonymat, pour signer ce livre, pour quelle raison ? Géraud de Barail : Lorsqu’un auteur - seul ou collectif - souhaite un anonymat, ce peut être pour deux bonnes raisons. La première a rapport à l’ego et peut relever du marketing, du « buzz » comme on dit aujourd’hui. On intrigue, on fait supputer, supposer, déduire… Parfois cela dépend aussi d’un sentiment plus profond, celui du désir des recommencements… c’est alors le syndrome Emile Ajar. La seconde est plus simple, moins tortueuse. Elle réside dans le constat que lorsqu’un message est transmis le nom du messager n’a plus grande importance. Ceux qui doivent savoir savent ou sauront. Pour le reste, la citation de Paul Valéry en tête de notre roman dit ce qui est à dire sur ce point. J’ajouterai que l’œuvre publiée appartenant désormais au lecteur, l’identité de l’auteur ou des auteurs ne peut être alors qu’un élément de distorsion de sa lecture et n’apporte aucun avantage hormis une distraction bien inutile. Une troisième raison existe pour nous en filigrane : beaucoup de données qui figurent dans ces pages ont un lien avec des filiations lointaines ou proches. Il n’était pas convenable d’aller trop loin de ce côté. Beaucoup d’amis, désormais disparus auraient eu leur place au lieu des remerciements car ils ne furent pas pour rien dans un certain cheminement, celui-là même qui conduit, la tâche accomplie, à la joie tranquille de l’anonymat… Même si la Règle est muette quant à cette question toujours très relative du silence du nom, l’ego ne peut être le seul moteur de ce genre littéraire. Et s’il est naturel qu’on se questionne un temps sur l’identité du nouveau passeur… c’est un temps seulement et l’essentiel est vraiment ailleurs…
TEG : Une dernière question sur ce l’on pressent du type de l’expression écrite adoptée. Vous prévenez vous-même assez clairement le lecteur en préambule que quelque chose est à découvrir et on sent tellement tout au long du récit, une écriture à plusieurs niveaux que, d’une certaine manière, tous les plans semblent se succéder, s’empiler, s’entremêler. Pouvez-nous en dire un peu plus sur ce point ? Géraud de Barail : Oui mais assez brièvement si vous le permettez. La Règle générale est ancienne mais les adaptations locales sont libres et infinies. Pour cela beaucoup croient comprendre quand un nombre égal pense qu’il n’y a rien à comprendre. C’est l’un des buts indirects recherché. Sans découvrir Midi à onze ou quatorze heures, il faut avant tout être sobre, compter les pas, prendre les mesures et se pénétrer du fait que c’est à l’intérieur que s’effectue la plus grande part du travail. Dans une telle lecture, des hérauts sont souvent les héros, ce qui est sot est parfois sceau, tandis que la cavale saute gaiement jusqu’à la kabbale... pour devenir Cabale. Au vrai, existe-t-il joie plus douce que chevaucher Pégase en poursuivant la Chimère, plus gai savoir que celui qui s’apprend sous les sept rayons de l’Étoile… ? Géraud de Barail © mai 2009 Textes, illustrations & photographies
LE PREMIER POLAR
MÉTAPHYSIQUE
Arrivé au point final de ce polar haletant qui met en scène bien des personnages connus, mais aussi tout à fait inconnus de l'Affaire de Rennes-le-Château, comme le très énigmatique Louis Paul François Cambriel, né en pays catalan à la Tour de France le huit novembre 1784, on se demande bien comment l'auteur a réussi un tel tour de force littéraire, comme un Maurice Leblanc des temps modernes, de nous maintenir constamment en haleine avec cette histoire terrible que l'on croyait si bien connaître et qui touche sans aucun doute au cœur du mystère audois. On se demande également où l'auteur, celui qui se cache sous le pseudonyme de " Géraud de Barail ", a bien pu glaner de telles connaissances si impénétrables qui lui ont permis, sans rien ôter à l'affaire de Rennes, de nous faire découvrir, en plein Razès, un secret si extraordinaire que nul n'aurait pu imaginer… Il est bien certain que notre auteur, pour arriver à un tel résultat, a dû puiser à maintes sources d'archives (détenues dans le sud-ouest de la France) du côté de Toulouse semble-t-il - " des dossiers de famille " nous dit-il - et a dû avoir connaissance de certains " rapports " tenus sous le boisseau par des réseaux occultes, voire même des sociétés très discrètes. Le plus exaspérant, dans ce roman initiatique, c'est qu'arrivé à la fin du livre, le lecteur n'a qu'une seule hâte, le relire à nouveau aussitôt pour en démêler le vrai du faux et s'apercevoir finalement que ce qu'il a entre les mains est certainement bien plus troublant que d'authentiques livres d'Histoire. Alors ! … si tout était vrai… Et est-ce vraiment un roman ? L’ÎLE
ROUGE Bon de commande sur le site des éditions Arqa
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