L'ABC de RLC

L'Encyclopédie de Rennes-le-Château

 

> À écouter en podcasting, une interview de TEG, sur Radio Rennessence //
http://www.rennessence.com/fr/

 


Interview de Thierry E Garnier
pour « Regards du Pilat »


Regards du Pilat // Thierry E Garnier, comment vous est venu cette idée d’une Encyclopédie sur RLC ?

Thierry E Garnier // D’abord j’aime bien les challenges et j’avais constaté que c’était un travail qui restait à faire tant le mystère de Rennes achoppait régulièrement sur des problématiques simples de définitions ou d’analyses structurelles basiques et ce, avant même de passer aux thèses et aux hypothèses, qui bien souvent ne reposent que sur fumées bleues et rayon vert… Un objet-livre de ce type-là ne pouvait que convenir aux chercheurs pour la simple et bonne raison que nous sommes tous confrontés en permanence à ce dilemme, de trouver une source fiable de qualité au plus vite, sans avoir à relire des dizaines de notes ou de fiches éparses. De tout regrouper en un seul volume m’a paru la solution idéale - sur le papier - restait à trouver l’équipe de travail pour confectionner une encyclopédie, et ça c’était un autre pari… Pour ma part, j’ai eu la chance de découvrir le site de RLC assez jeune dans les années 70, mais j’y suis venu plus tard assidûment, avec ma compagne, dans les années 80, après les lectures attentives des ouvrages de Charroux et de Sède, comme beaucoup de monde d’ailleurs, puis ceux de Franck Marie bien sûr, Jean-Pierre Monteils, Jean-Pierre Deloux... À partir de 1986 il y avait à RLC la librairie de Sonia Moreu, qui était un point de ralliement fabuleux, de rencontres incontournables aussi. Aujourd’hui le village a beaucoup changé je trouve, je ne sais pas si c’est par nostalgie que je dis cela ou parce que c’est la réalité, mais quand on déplace la tombe de l’abbé Saunière pour installer un « mausolée » dans le domaine, à quelques mètres du cimetière, on est en droit de se poser certaines questions, et de s’interroger sur le bien-fondé de cette manœuvre... On ne visite plus l’église aujourd’hui de la même manière c’est sûr, ni les abords, tous ceux qui ont connu cette époque vous le diront. Je me souviens dans les années 80 et même 90, le 17 janvier à RLC, il n’y avait pas un chat, et ce malgré les livres évoqués, cela s’est précipité un peu plus tard, mais rapidement. Et le 17 janvier dans l’Aude, le soleil est loin d’être chaque année au rendez-vous, pour des manifestations de phénomènes solaires dans l’église de Madeleine, je vous prie de le croire… Cela fait partie du folklore, du mythe. Mais je pense qu’il faut savoir dénoncer tout ça aussi…




Alain Caradec (1930-2003)- Photo Arcadia ©

J’ai surtout eu le privilège alors d’être guidé sur le terrain par un ami sûr en la personne d’Alain Caradec, chercheur de terrain émérite qui avait très bien connu Henri Buthion propriétaire du domaine de l’abbé Saunière. Alain Caradec y résidera d’ailleurs plusieurs années, durant ses vacances. J’explique qui était ce chercheur dans le détail, dans mon introduction à l’ABC de RLC. Il était géomètre expert et avait une connaissance exceptionnelle du terrain des environs de Rennes-le-Château et de Rennes-les-Bains. C’est chez mon ami Georges A D. Martin, proche de Jimmy Guieu, grand spécialiste du Graal en Provence et auteur de deux ouvrages sur ce sujet, que j’avais rencontré pour la première fois Alain Caradec. Georges Martin, qui a accordé un œil bienveillant à cet ABC, passionné de l’affaire de RLC comme nous tous, connaît lui aussi parfaitement l’histoire du « curé aux milliards », il se trouvait présent, par exemple, sur les lieux, lors de la profanation du tombeau des Pontils - ou plus exactement le lendemain matin - lorsque les gendarmes sont arrivés… Georges Martin ce jour-là était accompagné de René Espeut, personnage connu seulement de quelques chercheurs avertis ou des villageois de RLC. René Espeut était le fondateur de la revue culturelle Sources Vives à Perpignan, et neveu de Marie Dénarnaud. C’était dans les tous premiers jours d’avril 1974…



Nous ne tarissions pas de conversations et de joutes sur tous ces sujets lorsque l’on se réunissaient, Georges, Alain et moi, entre autres, pour parler du Graal, du Catharisme, de l’Ordre du Temple… et avions des conversations passionnées sur l’affaire de Rennes, bien sûr… En fait, c’est Alain Caradec qui le premier eut l’idée d’une encyclopédie exhaustive consacrée au mystère audois et m’en confia l’idée par la suite, quelques notes établies dans l’Encyclopédie proviennent d’informations dues à notre ami. C’est à Quillan, que décéda Alain Caradec, dans la nuit du 31 août au 1e septembre 2003, alors qu’il cherchait toujours la veille, dans les environs de Rennes-les-Bains, le mystérieux trésor de l’abbé Saunière… Il avait 73 ans ! Il était heureux d’avoir pu transmettre à son petit fils, avant son départ, l’engouement et la passion qu’il avait eue pour cette énigmatique affaire. Par la suite en 2004, le premier à qui j’ai parlé de ce projet fou a été Michel Vallet. Puis mon ami Christian Doumergue qui est un fidèle, avec qui je travaille depuis 1999, depuis l’aventure Arcadia, et bien sûr Patrick Berlier, celui qui a révélé si admirablement la « Société Angélique » dans ses deux ouvrages exceptionnels. Pour moi Patrick Berlier est certainement un des meilleurs chercheurs actuels sur ces sujets-là, car ce qui fait sa force c’est qu’il est extrêmement polyvalent et d’une très grande érudition... La rencontre avec Daniel Dugès, elle par contre, est récente. Je connaissais son travail sur Nicolas Poussin, sur lequel j’avais moi aussi travaillé de façon conséquente. Nous venons tous les deux des Beaux-Arts, cela explique beaucoup de choses, et avons beaucoup d’affinités sur tous les sujets concernant la peinture. J’avais pour ma part trouvé son analyse très pertinente dans son ouvrage sur Nicolas Poussin, surtout les relations qu’il fait avec l’AA, c’est un excellent livre, c’est cela qui m’a incité à le rencontrer et à lui proposer de travailler avec nous trois… Car manifestement il nous manquait encore quelqu’un pour la constitution du noyau central, compte tenu de la charge de travail qui était envisagée… On a appris à se connaître… Et je dois dire que c’est un homme remarquable, qui n’a pas fait défaut. Avec lui dans l’équipe, l’équilibre était trouvé… L’alchimie des hommes a fait le reste et le projet a débuté aussitôt… De toute façon je pense qu’en ce qui concerne la recherche - véritable - sur RLC, nous assistons actuellement à un travail de très grande valeur, à quelques exceptions près, d’une nouvelle génération de chercheurs à laquelle j’appartiens, qui ont une manière beaucoup plus précise et sérieuse de raisonner, à partir de sources avérées, d’enquêtes et de vérifications sur le terrain ou en archives ; à partir d’un travail de recherches de longue haleine et pas seulement de quelques informations glanées à droite et à gauche sur Internet et retranscrites sous forme de copier-coller. Mieux encore, je suis toujours abasourdi quand je prends connaissance de telle ou telle anecdote illustrant mon propos, et il y en a beaucoup malheureusement, comme cet article de Michel Vallet, pour citer un exemple, dans Pégase No 15 d’avril/juin 2006, où un « chercheur » recopie en 2006 des pleines pages du livre de Vallet/Jarnac Les Archives de Rennes-le-Château, édité en 1987… et met les textes de Michel Vallet sur son site Internet, sans se gêner, en signant le tout de son nom ! Faut quand même oser ! Là aussi les temps changent avec cette nouvelle génération, mais pour le coup en mieux, c’est plus salutaire. Il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles, lecteurs ou internautes, à un moment ou à un autre, on ne trompe plus personne… Je dois dire que je suis aussi très « amusé » quand je vois des livres sur RLC écrit à Paris, par des journalistes comme Alexandre Adler, qui surfent plus sur la mode du Da Vinci Code, que sur de véritables connaissances de l’affaire. Dans son livre parlant du travail de Daffos sans le citer vraiment, il le prénomme « Pierre » Daffos, et tout à l’avenant… C’est dommage, surtout venant de quelqu’un de respectable comme lui. Sans parler des autres…

Regards du Pilat // En tant qu’éditeur, je suppose que de mettre en place un tel projet de cette envergure dans la perspective de réaliser et collecter cette somme d’informations n’a pas dû être chose aisée ?

Thierry E Garnier // L’expérience joue beaucoup. Disons qu’en tant qu’éditeur, j’ai commencé à réaliser mes premiers livres, de petites plaquettes à vrai dire, en 1978, à compte d’auteur, il y a trente ans déjà, et j’ai appris une chose en préalable c’est la patience. J’aime les belles choses et les beaux livres notamment, j’ai eu la très grande chance de côtoyer de près des hommes de lettres, des calligraphes, des imprimeurs plomb aussi et j’ai appris le travail à la casse typographique. Pour qui sait utiliser un composteur et réaliser un pavé plomb, pour l’impression d’ouvrages, comprendra de quoi je parle. Le blanc typographique n’est pas seulement un vide, c’est aussi un silence. L’édition de livres demande beaucoup de temps si l’on veut vraiment faire un travail de qualité, du temps, de la modestie, et de l’humilité… Aussi on acquiert au fil des années une expérience irremplaçable, il faut savoir ne pas se précipiter, c’est tout, mais ça demande de la rigueur. On ne peut pas s’improviser « auteur » sans un minimum de culture, de savoir-faire, sans oublier l’orthographe et la grammaire… ! Comme on ne peut pas s’improviser « éditeur », sans un minimum de connaissances, de notions graphiques et de culture typographique. Ceux qui s’en passent, se trompent. Pour un éditeur, travailler avec de bons auteurs est une chose vraiment gratifiante quand on a choisi ce métier. Et puis un livre c’est un tout pour moi, il y a le contenu et le contenant, tout doit s’harmoniser de la meilleure manière, il faut du style, de l’érudition, de l’iconographie, de la mise en page, du beau papier, c’est beaucoup d’ingrédients… Pour moi, tout a débuté en 1999 avec l’aventure Arcadia, j’ai lancé alors une revue trimestrielle en Histoire et Tradition, en vente par abonnement qui a durée trois ans de 99 à 2001, et qui s’est achevée en 2002 avec un Numéro Spécial pour lequel ont participé 88 auteurs ! Toutes des personnalités de premier plan, de Robert Amadou, le grand spécialiste de Saint-Martin et du XVIIIe siècle, à S. A. R. Michael d’Albanie, dernier descendant de la dynastie des Stuarts et prétendant au trône d’Ecosse, de Jean-Pierre Bayard à Patrick Rivière, et bien d’autres encore…, Serge Caillet, Richard Khaitzine… L’aventure a été extraordinaire mais véritablement trop imposante et épuisante en débauche d’énergie. C’est pour cela que j’ai ensuite enchaîné, dans la même optique, avec un WebZine mensuel sur Internet, « La lettre de Thot » qui a pris la succession naturelle de la revue Arcadia. Aujourd’hui ce numéro spécial de la revue Arcadia quand il est en vente aux enchères, sur Ebay, vaut plus de 60 euros ! Il y a peu encore…, certains me demandaient pourquoi j’étais éditeur ? Pour moi c’est évident, la réponse est « pour pouvoir lire des livres que j’aurais aimé lire et que je ne trouvais pas », c’est aussi simple que cela. En tant que chercheur sur RLC, j’ai toujours estimé qu’un livre de type encyclopédique, dans une vision historique stricto sensu, manquait cruellement à l’affaire de Rennes et je travaillais en fait à l’élaborer, sans trop savoir comment, cela m’a pris des années. Il y a de cela trois ans, j’ai croisé à l’Abbaye de Lagrasse Michel Vallet, que je connaissais par téléphone et qui est devenu un ami par la suite. Au cours de nos échanges, ce jour-là, il m’a dit : « Oui, mais sur RLC tu n’as écrit aucun livre…, seulement des articles… » Cela m’a donné envie de concrétiser quelque chose de particulier et de différent… Sur RLC, à mon avis il n’est pas utile d’écrire beaucoup, Patrick Ferté a écrit un seul livre, qui restera, Daffos deux… Il faut seulement écrire juste, ni trop, ni trop peu. Les documents de qualité à exploiter sont très rares, il faut parfois des années pour savoir les dénicher, et puis le travail - le labeur - plus exactement est quelque chose qui mature, lentement. Si on veut éliminer les erreurs et les chausses trappes il faut donner du temps au temps. Pour vous donner un exemple, dans L’ABC, j’ai réalisé l’entrée sur Emma Calvé, qui est un personnage que j’aime beaucoup et sur lequel j’ai beaucoup amassé de documents et d’informations, en rédigeant sa biographie je me suis aperçu qu’un nombre très important de « chercheurs » se trompaient en permanence sur ces dates de naissance et de décès, et en faisant des recherches j’ai constaté qu’en fait les auteurs, qui se recopiaient les uns les autres, allaient chercher sur des encyclopédies numériques en ligne comme Wikipédia pour prendre leurs informations et ainsi de suite, la chaîne continuait. C’est par exemple le cas pour Emma Calvé, et ce n’est toujours pas corrigé d’ailleurs sur Internet au moment où je vous parle, mais il y aurait beaucoup d’autres exemples. Les sites Internet soit disant « spécialisés » sont eux aussi bourrés d’erreurs de toutes sortes, mais ça c’est un peu la règle du jeu… Internet étant aussi un immense laboratoire, in vivo. Pour en revenir à l’ABC de RLC c’est certain, le plus difficile a été de mettre en place, dès le départ, une véritable équipe de travail, pour réaliser cette Encyclopédie. Plusieurs auteurs qui furent pressentis à l’origine, ont d’abord donné leur accord, pour finalement se détacher du projet devant l’ampleur du travail à accomplir. Il faut dire que l’objectif était de taille. Ce n’est pas moins de trois chercheurs en fait qui ont fait défaut lors de la première année alors qu’ils avaient donné leur accord préalable. Finalement ils se sont résignés, et malheureusement nous avons perdu au moins douze mois dès le début, au moment de la mise en place du projet lui-même et de la répartition des tâches, pour savoir quels seraient les auteurs qui pourraient épauler le projet que j’avais mis en place… Il y a aussi des auteurs avec qui j’aurais rêvé de travailler, comme Henry Lincoln par exemple, que j’ai rencontré avec Christian Doumergue lors d’une conférence que nous avions donné tous les deux le 15 septembre 2006, à Rennes-le-Château, dans les jardins de l’abbé Saunière, à l’invitation de Jean-Luc Robin et de l’atelier Empreinte. Finalement cela n’a pas pu se faire. J’ai aussi essayé d’entrer en contact pour des images importantes, entre autres, avec Alain Féral qui habitait le sud de la France encore récemment, et semble être parti vivre en Espagne, d’après ce que l’on m’a dit. Je ne sais pas où il est.




Rennes-le-Château - 15 septembre 2006
Photo Johan Netchacovitch

Ensuite quand tout fut constitué, je dois reconnaître que nous n’avons eu aucun problème entre nous, et l’ambiance de travail a été parfaite ! C’est vraiment les amis fidèles qui sont restés, et surtout des auteurs d’exception, c’est ça le principal, avec Christian Doumergue, Patrick Berlier et Daniel Dugès, nous nous sommes parfaitement répartis la tâche et avons avancé en commun, sur la totalité du livre, au final cela donne vraiment quelque chose d’unifié et de cohérent, nous avons tous les quatre œuvré sur toutes les parties en fait. Selon les domaines de compétences de chacun, nous avons travaillé en nous répartissant les matières. Bien sûr on sera critiqué par les aigris et les pisse-vinaigre, sur des virgules ou des points de détails, qui sont de toute façon perfectibles dans une édition ultérieure, c’est possible, mais cela m’importe peu. Christian Doumergue a fait un travail remarquable et a surtout œuvré sur les entrées de personnages historiques et les chercheurs contemporains, ainsi que sur le domaine de l’abbé, entre autres... Daniel Dugès a surtout travaillé sur la partie Cryptographie où il excelle, sur les parchemins, sur les codages, etc., et sur la partie Géographie, qui est à mon sens fondamentale car trop souvent oubliée et méconnue. Patrick Berlier a notamment travaillé sur la partie Symbolisme, Église de Rennes-le-Château, Littérature, Cryptographie, etc., et a donné un coup de main formidable sur la mise en place finale de l’Encyclopédie, relectures, etc. qui ont quand même duré quatre mois… C’est Patrick Berlier qui a trouvé le titre de cette Encyclopédie : « L’ABC de RLC » ! Ce titre a fait l’unanimité, et surtout il permettait d’entrer en correspondance avec la tripartition de notre ouvrage : Biographies / Géographie / Symbolisme - c’était parfait. Pour ma part j’ai travaillé notamment sur la partie Sociétés secrètes, Cryptographie…, sur la présentation des douze sous-chapitres, sur l’introduction générale du volume et sur la bibliographie finale. Mais en réalité et c’est cela qui est extraordinaire, tous les quatre, nous avons travaillé sur la totalité du processus de A à Z, c’est le cas de le dire, en déléguant pour la rédaction finale. Pour donner un exemple, l’entrée sur « Les pommes bleues » dans l’Encyclopédie a été écrite par Patrick Berlier, Daniel Dugès et moi-même… après quatre différentes lectures et relectures successives, et bien des conversations passionnées… ! Et des exemples comme cela il y en a dans tout le livre, dans toutes les parties… C’est vraiment un travail d’équipe constant, c’était très agréable à faire. Même si on n’en voyait plus le bout après trois années de labeur… Notre seul but, en fait, était d’enrichir en permanence le projet. Autre exemple où nous avons travaillé en commun. Au cours de notre processus de relecture Patrick Berlier s’est aperçu que nous avions fait une entrée très différente sur l’abbé Delmas, dans le « Dictionnaire », dans la partie « Stèle », et dans la partie « Symbole », on a constaté que les dates ne coïncidaient absolument pas, à un siècle près ! Il y a eu, en fait et par la force des choses, deux Delmas à Rennes-les-Bains ! Peut-être, sans doute, tous les deux abbés d’où la confusion, mais ce n’est pas certain. Le premier fut curé de la paroisse et auteur du fameux manuscrit Delmas, de 1709, Antiquités des Bains de Monferrand, communément appelés les Bains de Rennes. Cet abbé Delmas a été curé de Rennes-les-Bains pendant 60 ans. Sa biographie figure dans l’ABC de façon détaillée. Mais comment cet abbé Delmas du XVIIIe siècle pouvait-il être par ailleurs l’abbé Delmas ou le graveur-sculpteur qui a réalisé au milieu du XIXe siècle, les non moins fameuses stèles Delmas datées respectivement de 1854 et 1856 ? Pour les chercheurs chevronnés, pas de confusion bien sûr - encore que… La troisième stèle est non datée, ce calvaire est attribué sans raison aucune au premier abbé Delmas dont nous parlons, alors que la facture des trois stèles semblent plus ou moins approchantes dans les trois cas de figure. Si l’on rajoute que le nom de famille Delmas est extrêmement commun en France et dans l’Aude, on s’aperçoit vite qu’il faut vraiment démêler l’écheveau de façon attentionnée. Une étude encore plus détaillée serait à mener ici, nous le ferons sans doute, mais nous avons estimé que ce n’était pas le cadre, ni le rôle de l’ABC, que de présenter de trop, des thèses de chercheurs. En tout cas tout ceci n’avait encore jamais été clairement identifié de la sorte… C’est un travail de groupe et de recoupements factuels qui a permis d’arriver à ces conclusions, et c’était passionnant à faire ensemble. Et puis il y a eu aussi les aides extérieures, très appréciables. Cela a été extrêmement important pour nous, même si ce travail-là a été fait surtout à la périphérie, c’est dans les détails que tout se joue ! Pour la partie iconographique Antoine Captier, Michel Vallet, Jean-Luc Chaumeil, ont donnés leur accord pour de très nombreuses images non libres de droits et que nous n’avions pas en stock, qui sont venues enrichir nos fonds personnels pour ce projet que ce soit le fonds de photos et de documents Arcadia ou les archives privées des auteurs Christian Doumergue, Daniel Dugès, Patrick Berlier et moi-même... Jean Brunelin de son côté a mis à notre disposition plus de 6 000 photographies issues de ses collections, plusieurs illustrent ce site Internet, notamment cette fabuleuse photo couleur du Tombeau des Pontils. Au total cela faisait plus de 12 000 documents, qu’il a fallu répertorier, trier, archiver par thèmes, puis conserver pour l’ouvrage. J’ai conservé in fine, 990 documents photos et archives au total. ! En ce qui concerne la partie encyclopédique proprement dite, hormis les trois auteurs et moi-même qui avons fourni la somme la plus importante du livre, environ 80 %, il était très important pour moi que figurât dans ce projet des personnalités de premier plan comme Michel Vallet ou Franck Daffos. Si je n’avais pas eu d’emblée leur appui amical et généreux, je n’aurais pas entrepris un tel pari insensé, car travailler ainsi sur trois années est vraiment très astreignant. Michel Vallet m’avait, dès 2004, quand je lui avais parlé de ce projet, répondu favorablement pour rédiger la préface du livre. Franck Daffos nous a rejoint en 2007 pour nous donner un bon coup de main sur plusieurs entrées de l’Encyclopédie, dès qu’il fut informé du travail en cours.




Les Chercheurs à Rennes-les-Bains, le 17 juillet 2007
(de G à D : Thierry E Garnier, Christian Doumergue, Jean Michel Pous, Michel Vallet,
Franck Daffos, Pierre Silvain, Jean-Luc Chaumeil, Jean Brunelin © Arcadia )

Ensuite il y a eu de nombreux autres amis qui, à des degrés divers ont apportés leur collaboration, notamment Jean Brunelin, qui a rédigé plusieurs entrées de l’encyclopédie, ainsi que Gil Alonso-Mier, auteur aux éditions Arqa d’un magnifique ouvrage consacré à François Schlatter, personnage extraordinaire qu’il faut absolument découvrir, Michel Crozet, ami de longue date qui suit tout mon travail artistique depuis longtemps et qui a beaucoup de cordes à son arc, Georges A. D. Martin avec qui j’ai beaucoup travaillé aussi, et quelques autres encore… Laurent Buchhaultzer, mieux connu sous le pseudonyme d’Octonovo, a réalisé pour le livre quelques entrées de qualité, Gino Sandri, secrétaire du Prieuré de Sion, nous a très généreusement donné pour reproductions quatre dessins de la forteresse de Gisors réalisés par Pierre Plantard, ainsi qu’un dessin à bien savoir décoder sur « la France hermétique », il faut regarder la signature en bas du document, un cercle dans un cercle avec les initiales R. - PS - BS, qui font référence au texte de Boudet, de façon allusive. Ces documents figurent en bonne place dans l’Encyclopédie, grâce à Gino Sandri . Et je voudrais profiter de cette occasion pour remercier tous ces amis, à nouveau, car une telle aventure se gagne ensemble, ou pas. Ce fut le cas et j’en suis très satisfait. On a tous toujours travaillé dans le même sens, et le résultat est là, maintenant… Avec plus de 12 auteurs en tout, c’est plus de 800 entrées de toutes sortes réparties en 12 chapitres différents qui composent cette Encyclopédie ! Et environ 1000 photos et documents d’archives divers également !

Regards du Pilat // Y a-t-il de l’inédit, dans votre ouvrage ?

Thierry E Garnier // Il aurait été impensable pour nous qu’il n’y en eût pas ! Evidemment, la recherche sur l’affaire de Rennes-le-Château est telle que tous les chercheurs sont à l’affût de nouvelles informations ou de nouveaux documents, en permanence, mais oui bien sûr il y en a quand même beaucoup. Indépendamment de toutes les biographies de prêtres par exemple, près d’une trentaine, très peu connues, dont Christian Doumergue a pu retrouver pour chacun d’entre eux les dates de naissance et de décès, des photographies aussi, ainsi que de nombreux détails biographiques exceptionnels, en travaillant notamment sur des informations détenues par divers évêchés de France, ces informations avec autant de détails étaient totalement inconnues des chercheurs castelrennais, jusqu’à cette présente édition.



Mgr de Beauséjour - Photographie inédite (Archives départementales de l’Aude, cote 1V 6)
& Acte de nomination de Mgr de Beauséjour à la tête de l’évêché de Carcassonne –
(Archives départementales de l’Aude, cote 1V 6 )

Christian Doumergue a par exemple retrouvé en archives des documents inédits de l’abbé Alfred Saunière, qui sont publiés ici, pour la première fois. Parmi ces documents inédits, on trouvera le décret qui a permis à Mgr de Beauséjour de remplacer Mgr Billard décédé, à l’Evêché de Carcassonne, par exemple, des documents rarissimes venant de la préfecture de l’Aude concernant Alfred Saunière. De nombreux portraits photos totalement inédits de personnages incontournables de l’affaire, comme ces trois photos inédites ; de Mgr Billard découverte par Jean Brunelin, de Mgr de Bonnechose que j’ai trouvée récemment ou encore celle de Mgr de Beauséjour découverte aux Archives départementales de l’Aude, par Christian Doumergue.




Mgr de Bonnechose
(Évêque de Carcassonne de 1847 à 1858 et Évêque de Rouen de 1858 à 1863)
«  On a pu citer Maurice Leblanc, le « père » d’Arsène Lupin, parmi les initiés aux mystères de Rennes-le-Château. Or, dans La Comtesse de Cagliostro, Mgr de Bonnechose est cité par Maurice Leblanc comme ayant été initié au secret placé au centre de l’intrigue, qu’à son tour Arsène Lupin va chercher à percer. C’est la comtesse de Cagliostro qui raconte à Arsène Lupin la transmission du secret. »
Christian Doumergue – L’ABC de RLC
(Document inédit ABC de RLC - coll. Thierry E Garnier)

D’autres photos encore comme ce portrait en pied de Tau Sophronius, par exemple, mieux connu sous le nom de Louis-Sophrone Fugairon, ou cette photo de l’abbé Guilhot découverte par Daniel Dugès ; une photo inédite de Jean Girou jamais publiée, ainsi que l’ouvrage sur RLC de cet auteur, dédicacé, c’est l’un des 30 exemplaires numérotés, et des correspondances inédites de Girou, tout cela fait partie de ma bibliothèque personnelle et j’ai eu à cœur de le présenter au mieux dans l’ABC de RLC. Énormément de cartes postales anciennes très rares aussi, viennent agrémenter notre travail littéraire. Il y a aussi beaucoup d’informations jamais publiées qui sont disséminées, ça et là, dans les différentes entrées qui composent l’ABC de RLC. C’est vraiment parce que nous avons Christian Doumergue, Daniel Dugès, Patrick Berlier et moi-même, accumulé une masse d’information et de documents, phénoménale, depuis tant d’années que nous avons voulu la faire partager à tous les lecteurs. Entre nous tous, plus nos amis auteurs associés, et photographes, comme Jean Brunelin, cela donne cette somme de documents et d’informations. Pour vous donner un exemple précis de recherche qui est extrêmement parlant, et qui était en fait, à la portée de tous et cela était très peu connu, sinon de quelques rares chercheurs, en tout cas cela n’avait jamais été publié à ma connaissance… Il s’agit d’une démonstration de Patrick Berlier, qui a observé que le fameux portrait gravé dans une stèle - par Marius Fatin c’est peu connu - stèle en pierre qui ornait l’ancienne tombe de l’abbé Saunière à RLC, avait été réalisée ni plus ni moins avec le portrait d’Alfred Saunière, le frère de Bérenger ! Il a suffi à Patrick Berlier de réaliser un négatif du médaillon connu, que l’on pouvait voir au-dessus de la tombe de l’abbé Saunière, avant que celle-ci soit déplacée, puis ensuite retourner à 180° ledit médaillon, sur un axe vertical, pour avoir l’exacte réplique de la photo connue d’Alfred Saunière ! En deux opérations, le négatif, puis la mise en miroir, on avait une bien belle démonstration. Comme toujours c’est le don d’observation, l’analyse, la synthèse, qui font la différence. Quand on pense aujourd’hui que la tombe de l’abbé Saunière a été déplacée récemment et que c’est toujours la photo de son frère Alfred qui orne sa sépulture, malgré les découvertes d’Alain Féral, on se dit que parfois les chercheurs pourraient avoir quand même une certaine utilité ! Il y a aussi, grâce à Daniel Dugès une quantité impressionnantes de photographies d’époque et des années 70 et 80, près de 100, sur toute la topographie du Cromlech de Rennes-les-Bains, et ses alentours, qui ont été identifiés selon les informations et noms donnés par l’abbé Boudet. Appellations qui ont pour plusieurs d’entre elles changées aujourd’hui, ce qui d’ailleurs ne facilite pas la tâche du chercheur de terrain... Pour donner un seul exemple, qui sait vraiment sur les lieux situer les Calvaires de Villemoustoussou, de Montferrand, de Rouvenac ou encore la Tombe de Vals… ? Daniel Dugès a également réalisé un très beau photomontage de l’hypothétique tombe de la Marquise de Blanchefort !

Regards du Pilat // Et la carte de l’Abbé Boudet ?

Thierry E Garnier // Oui, je vois à quoi vous faites allusion. Il s’agit de la carte dessinée par Edmond Boudet publiée en 1886, et réalisée pour le livre de son frère, La Vraie Langue Celtique, et qui se trouve à la fin de l’ouvrage. Nous avons eu la très grande chance de retrouver un exemplaire de cette carte, parfaitement conservé, annexé bien entendu au livre. Ce document est détenu actuellement en archives et son ayant-droit officiel a décidé de nous en faire bénéficier exclusivement, et nous a donné gracieusement la possibilité de la reproduire à l’identique, pour l’ABC de RLC, en fac-similé et en quadrichromie, pour les 100 premiers acquéreurs de l’Encyclopédie. Je remercie évidemment, au passage, très sincèrement ce collectionneur et ami, qui a décidé de rester anonyme.

Regards du Pilat // Quels sont vos projets maintenant ?

Thierry E Garnier // Ils sont nombreux… Je voudrais avant tout signaler que l’utilité de ce site Internet abc-de-rlc.org, outre la présentation de l’Encyclopédie, est de recueillir auprès de nos lecteurs leurs assentiments et leurs critiques. On ne fait pas un livre de la sorte avec 800 entrées textes et 1000 documents de toutes sortes pour l’iconographie, malgré les nombreuses relectures, sans faire quelques oublis ou erreurs, bien pardonnables me semble-t-il. Il m’importe donc à terme, d’ici deux à trois années de constituer un recueil de corrections et de documentations plus ample encore et de tous types afin d’envisager une seconde édition, relue, revue, annotée autrement, et corrigée, de manière à encore mieux peaufiner ce travail d’auteurs, que constitue cet ABC de RLC. Je compte sur tous nos lecteurs et sur les auteurs eux-mêmes pour anticiper ce projet, pour que la mise à jour de cette seconde édition soit la plus satisfaisante possible >[Contacter les auteurs]. Il va de soi aussi que d’ici trois ans la recherche sur RLC aura encore progressé, à ce titre il me parait tout à fait naturel de non seulement corriger si besoin, mais aussi de mettre à jour ce travail, dans l’esprit de ce qui vient d’être publié… Toutefois, ma quête ne s’arrête pas à Rennes-le-Château, même si pour moi, le site audois et l’histoire de l’abbé demeurent une donnée véritablement incontournable de mon travail de recherche personnelle et de mon travail d’éditeur depuis longtemps, d’autres projets sont bien sûr à suivre dans la même veine aux éditions Arqa.




L’Ile des Veilleurs - Contre-enquête sur le mystère du Verdon et le trésor de l’Ordre du Temple
Amoros, Buadès, Garnier // Préface de Tim Wallace Murphy - Arqa édition

Le site du Verdon est pour moi, lui aussi, un site magique qui m’importe beaucoup, je viens d’écrire un livre sur cet endroit mystérieux, sur le château de Valcros et le Trésor des Templiers, avec mes amis Amoros et Buadès, ouvrage qui a été préfacé par Tim Wallace Murphy, l’auteur du REX DEUS. Ce livre constitue la première référence depuis trente-cinq ans, sur le mystère du Verdon, depuis le travail d’Alfred Weysen. Ce mystère vaut bien celui de Rennes-le-Château, vous pouvez en être sûr ! D’ailleurs je vais vous donner une information qui n’est pas dans le livre… Savez-vous que le point de départ bibliographique du Mystère du Verdon comme du Mystère de Rennes-le-Château est exactement le même ? Dans les deux cas, un seul livre et un seul auteur sont à la source de ces deux secrets révélés, il s’agit de Robert Charroux qui publie en 1962 chez Fayard son Trésors du Monde. Certains diraient qu’il a manqué un abbé Saunière à Trigance dans le Verdon, pour médiatiser véritablement l’Ile des Veilleurs ! J’aurais plutôt tendance à remercier le ciel que justement il n’y eût pas de curé mystagogue adepte de cryptogrammes zélés sur ces lieux enchantés de Provence… Quoiqu’il ne manqua pas de chercheurs azimutés dans le Verdon non plus, qui firent eux aussi des fouilles sauvages, à coup de bâtons de dynamite, pour découvrir le trésor des Templiers ! Mais c’est une autre histoire…



Gorges du Verdon et Tableau de Saint Célestin avec le mot « Veritas » - Lettre inédite de Gérard de Sède (ABC de RLC ©) en date du 7 juin 1975, adressée à monsieur Roger Corréard, chercheur à Sisteron, certainement l’un des meilleurs spécialistes en France du site de Théopolis, cité de Dieu et cité perdue de Provence. Cette lettre précise de façon formelle que le tableau du Château de Valcros est bien celui dont parle Gérard de Sède dans l’Or de Rennes, dans son énumération de trois tableaux, un Poussin, un Téniers et un portrait de saint Célestin. Dans cette lettre inédite et présentée pour l’ABC de RLC in extenso pour la première fois, dont l’exégèse approfondie a été réalisée par Patrick Berlier et Thierry E Garnier dans l’ABC de RLC (>entrée III-3 / Saint Célestin), se dissimule habilement et de façon cryptographique de très nombreux détails à interpréter au second degré, notamment une allusion explicite à Rennes-les-Bains et au blason de Rennes-le-Château, qui démontre l’évidente connexion entre les deux sites méridionaux du Château de Valcros dans le Verdon et de Rennes-le-Château dans l’Aude.

Les deux sites, celui du Verdon et celui des deux Rennes sont parfaitement interconnectés, c’est sûr et certain, je publie dans l’ABC de RLC une lettre inédite de Gérard de Sède, en fac-similé qui indique parfaitement et nommément que le tableau de saint Célestin V dont il est question dans l’affaire de Rennes et dont l’abbé Saunière aurait ramené une copie avec celles des Bergers d’Arcadie et un saint Antoine ermite ; ce tableau EST bien celui du Verdon, avec l’inscription « VERITAS » dont parle d’ailleurs de Sède dans cette lettre inédite, envoyée à Roger Corréard, le célèbre « veilleur » de Théopolis. Je peux également vous faire une confidence, grâce à un de mes amis, de par dieu nous avons pu - enfin - retrouver le nom de l’anonyme auteur du tableau de Valcros que nous avions tant de mal à distinguer, ce nom n’avait jamais été donné auparavant, j’écris actuellement un article pour la lettre de THOT, sur ce sujet totalement inédit, qui fera le point sur cette recherche… et sera un complément indispensable à « L’Ile des Veilleurs »… Les sites de Théopolis ou du Pilat que j’apprécie beaucoup et que je connais bien, sont aussi pour moi des points d’ancrages très importants et je vais m’y ressourcer fréquemment. Pour parler un peu du Pilat puisque vous y vivez, j’ai eu la chance par exemple de pouvoir pénétrer au château de Lupé dans des conditions très privilégiées... Il y a huit ans, Le 17 janvier 2000, pour tout vous dire… À l’invitation de monsieur Yann M., une relation amicale, et j’ai pu rester sur place durant deux jours grâce à lui, pour faire des relevés du château de Lupé, d’ordre géobiologiques. C’était absolument passionnant ! Le chartreux énigmatique Dom Polycarpe de la Rivière m’y invitait sans doute. J’aurais beaucoup de choses à dire un jour sur le sujet... Pour moi toutes ces connexions sont une - en réalité, et je creuse ce sillon-là depuis longtemps déjà.

Interview de Thierry E Garnier
directeur des éditions ARQA & responsable de l’édition L’ABC de RLC // 2008
pour Thierry Rollat >[Regards du Pilat ©]
http://regardsdupilat.free.fr/
1er Mars 2008 // http://abc-de-rlc.org


Lisez « La Lettre de THOT »